25 solutions pour valoriser la mobilité douce à Liège
25 septembre 2016 | Mise à jour: 04 octobre 2016 | Catégories: urbanisme | View CommentsConnaissez-vous Janette Sadik-Khan?
C'est celle qui a transformé les rues de New York sous l'administration Bloomberg dont Times Squares où elle pose au milieu de la rue, ce qui aurait été impossible il y a une dizaine d'années.
Elle a emménagé une centaine d'intersections et autres lieux à New York en les rendant plus agréables pour les piétons et cyclistes comme l'avenue Webster dans le Bronx (images avant/après ci-bas) et aussi ailleurs dans le monde. Remarquez, notamment, qu'un passage piéton a été ajouté là où il n'y en avait pas.
On peut regarder d'autres transformations de rues qu'elle a effectuée sur son site web. Dans son livre, elle explique qu'avec un petit pourcentage du budget du transport de la ville de New York, elle est parvenue à faire de grandes améliorations pour la mobilité dans la métropole. Pas de béton dans son budget, mais plutôt des centaines de pots de peinture, des chaises, des tables, des pots de fleurs, etc.
C'est ce qui me fait croire qu'à Liège aussi, on pourrait améliorer de beaucoup la mobilité, avec un faible budget, en emménageant plusieurs rues qui en ont besoin. Améliorer la mobilité à Liège, est-ce que ça consiste à attendre que les méga projets à dizaines ou centaines de millions d'euros de tramway se réalisent? Aussi bien attendre que les poules aient des dents pendant la semaine des quatre jeudis... Concrètement, je pense qu'améliorer la mobilité à Liège à court terme, ça peut aussi consister en une centaine de petites améliorations ici et là dans la ville pour les piétons, les cyclistes et personnes à mobilité réduites.
À guise d'exemples, en ce jour du 25 septembre, journée sans voiture dans Paris, je dresse dans ce texte une liste de 25 solutions pour améliorer l'utilisation de l'espace public à des fins de mobilité douce à Liège. Je me concentre sur une infime partie des rues et quartiers liégeois, ceux que j'ai fréquentés plusieurs centaines de fois en les utilisant quotidiennement depuis bientôt 2 ans. Ce sera ma façon de contribuer à la semaine de la mobilité qui vient d'avoir lieu en Wallonie et dans toute l'Europe.
... justement, le logo de la semaine de mobilité est bien choisi. La moitié de mes suggestions concernent les passages pour piétons.
A) Marcher le long de la Meuse: à la recherche du passage piéton perdu
Tout d'abord, commençons par les passages piétons aux abords de la Meuse donc souvent situées près d'une trémie (tunnel pour les voitures).
Voici cinq endroits où je suggère d'ajouter le passage piéton qui manque.
B) Quelques lignes de désirs pour traverser la rue
C'est en marchant dans Liège qu'on se rend compte à quel point la trajectoire piétonne naturellement désirée ne correspond que très rarement à ce qui est suggéré par les aménagements urbains. A-t-on trop tenté de respecter le Guide des traversées piétonnes écrit par Autoroutes et routes de Wallonie? Pour équilibrer les choses, je pense qu'il faudrait aussi rédiger et respecter un Guide des routes et autoroutes fait par les Trottoirs, cyclistes et passages piétons de Wallonie...
Voici sept endroits où je suggère d'ajouter le ou les passages piétons qui manquent.
Quand je suis allé visiter le Musée des Transports en commun de Wallonie à Liège, j'ai été agréablement surpris par les lectures que j'y ai trouvées. Notamment par la page 37 du livre Vers une marche plaisir en ville que j'avais prise en photo tellement je me sentais moins seul en la lisant:
C) Rendre la vie plus agréable aux piétons
Voici cinq endroits où la vie pourraient être rendue plus agréable pour les piétons.
D) Rendre le Ravel exclusif aux piétons dans Outremeuse
Dans Outremeuse, le Ravel est très populaire. Le problème est qu'il n'est pas assez large pour bien jouer son rôle. Je crois sincèrement que la solution est de réserver le Ravel aux piétons dans toute l'île d'Outremeuse en créant une piste cyclable parallèle à la Ravel actuelle dans toute l'île. Cela pourrait être fait au coût de quelques stationnements en moins et d'une piste cyclable qui contournerait le Palai des Congrès à partir du pont Albert 1er en suivant la rue du Parc jusqu'au parc de la Boverie.
Concrètement, voici cinq sections de la Ravel à améliorer dans Outremeuse du nord au sud.
E) Créer d'autres pistes cyclables
Le Ravel ne doit pas être le seul axe cyclable dans Liège. D'autres trajectoires cyclables sont désirables. Notamment, en voici deux.
Je donne crédits à Google maps dans la création des 25 images.
Histoire d'un reconquête piétonne: l'échangeur Parc / des pins à Montréal
Construit en 1962, l'échangeur Parc-des Pins constituait un enchevêtrement de spaghettis de bétons qui brisait le lien le lien entre le centre-ville, le Mont-Royal et le stade de l'Université McGill aux cyclistes et aux piétons. Pour éviter un long détour désagréable de plusieurs minutes, je me rappelle que l'on devait sauter les murets de béton qui bloquaient les accès entre la rue Duluth et le mont-Royal. Il fallait faire attention (surtout l'hiver avec la glace et la neige), car les voitures roulaient à plus de 60 km/h dans la descente. C'était dangereux. À vrai dire, j'évitais le quartier...
Après une vingtaine d'années de mobilisation par les étudiants (lire un historique ici) et les habitants du quartier, l'échangeur a été démoli en 2005-2006. Il a été remplacé par deux simples intersections incluant des trottoirs, des pistes cyclables et des feux de circulation. Et surtout, tout est en 2D.
Montréal continue dans cette voie. Cet été, j'ai pu voir que l'autoroute Bonaventure qui longe le fleuve St-Laurent qui mène au centre-ville est en train d'être démolie. Elle sera remplacée par un boulevard avec des pistes cyclables au centre. On peut suivre le Projet Bonaventure sur le web. J'ai hâte de voir le résultat.
En circulation, il semble que les gains obtenus par l'utilisation de la 3e dimension afin d'améliorer les croisements de circulation ne valent pas la peine. Les cicatrices urbaines laissées par les bretelles, tunnels, voies d'accès, trémies et surtout les espaces qu'ils nécessitent dans les deux premières dimensions constituent des pertes grandement plus importantes. Dans le centre-ville de Liège, les piétons et cyclistes en paient le prix.
À Liège, il y a de nombreux exemples où le remplacement des trémies par des intersection en 2D serait la meilleure option dans le centre de la ville. Mais cela coûte cher à défaire, et je crois que la ville n'est pas encore rendue là. Elle le sera lorsque la démolition sera la solution moins chère que les autres dans 20, 30 ou 40 ans. Mais en attendant, il y a plein de petites améliorations peu coûteuses qui pourraient être effectuées. J'ai tenté par ce texte d'en suggérer quelques-unes qui me sont venues à l'esprit pendant mon séjour à Liège.
Les trajectoires désirées
Et pas la peine de regarder de l'autre côté de l'océan pour s'inspirer, il y a pas trop loin de Liège, et aussi à Liège, des gens qui ont développé cette réflexion et qui même offrent des Coaching packages pour accompagner les villes dans ce processus d'amélioration de la mobilité. Parmi les projets du groupe copenhagenize.eu dirigé par Mikael Colville-Andersen, je mentionne celui des trajectoires désirées par les cyclistes et piétons dans diverses intersections. Il doit bien y avoir des principes mathématiques dans tout ça:) Un jour, j'étudierai cela de plus près... à suivre.